Cet été, la ligue de squash des Hauts-de-France a participé une nouvelle fois à l’opération « Village en sport, » proposée par le département du Nord. Son objectif, faire découvrir la discipline à de nombreux jeunes, notamment grâce au court gonflable.
Lors de sa prise de fonction en décembre dernier, le président de la Fédération Française du Squash, Julien Muller, avait identifié le rajeunissement du public comme l’une des axes majeurs de son mandat. Avec l’opération « Village en sport*, » la ligue des Hauts-de-France participe activement à un effort collectif essentiel en cette période de crise sanitaire, alors que la relance de l’activité est la priorité pour toutes les disciplines. « C’est un dispositif mis en place par le département du Nord, dont l’objectif est de faire découvrir de nouveaux sports aux jeunes, dans des communes où l’offre n’est pas très large, » explique son président, Aurélien Carlier. « Ils s’occupent de toute la logistique (choix des lieux, dates etc.) et couvrent les dépenses à hauteur de 75 %, le reste étant à la charge de la ligue. Le court gonflable nous permet d’initier les enfants, ainsi que leurs parents, à notre discipline. Nous avons également participé à des mini-olympiades le jour de la cérémonie d’ouverture de JO de Tokyo, avec de nombreuses autres sports (basket, boxe, tennis etc.). »
En déplaçant le court gonflable dans les villages du département du Nord, la ligue a pu faire découvrir le squash à plus de 300 jeunes cet été.
Celui est également à la tête du club de Douai souligne le rôle de Patrick Delsinne (voir ci-dessous Un homme de l’ombre), pierre angulaire du projet depuis que la ligue y participe. « On parle beaucoup, et à juste titre, des entraîneurs qui forment les joueurs de haut niveau. Mais il y a d’autres encadrants, qui œuvrent de manière différente et sont également très importants. Patrick, qui s’occupe de l’école de jeunes à Bondues depuis de très nombreuses années, fait partie de ces homme de l’ombre qui méritent d’être mis en avant. » Accompagnés de deux services civiques (« Lukas Jaworski et Romain Bastian, qui apportent une touche de modernité, notamment grâce à la conception de flyers distribués aux enfants et la réalisation d’une vidéo, »), ce dernier a sillonné le 59 pendant plusieurs semaines, et initié des centaines de jeunes au squash à l’intérieur du court gonflable. « J’entends parfois que c’est un outil qui ne sert pas à grand-chose, car il ne reproduit pas les sensations d’un véritable court, » affirme Aurélien Carlier. « Je ne suis pas d’accord, et au contraire j’encourage fortement ce genre d’actions, qui nous permet de nous ouvrir à d’autres publics. L’objectif principal n’est pas forcément de déboucher sur une prise directe de licences – même si c’est possible, une des étapes du « Village en sport » s’est déroulée à 5 kilomètres de mon club et un ou deux enfants vont certainement s’inscrire à la rentrée. Il s’agit avant tout de semer de petites graines (sic) : si un enfant est intéressé mais qu’il n’y a pas de club près de chez lui, il est possible qu’il y revienne plus tard, pendant son cursus universitaire par exemple. Comme je dis souvent, la plupart des gens ne se lèvent pas le matin en se disant que jouer au squash est leur priorité de la journée. Dans un premier temps, si on peut le faire découvrir à ceux qui n’en ont jamais entendu parler, c’est déjà une avancée. Contrairement à l’idée reçue, je ne pense pas que ce soit un sport élitiste, par contre c’est important de s’ouvrir aux autres et de ne pas rester entre nous. »
Un homme de l’ombre
Éducateur au sein du club de Bondues depuis plus de vingt ans, Patrick Delsinne consacre également beaucoup de son temps à l’opération « Village en sport. » Portrait.
Pourquoi le squash ?
« J’ai joué au rugby à partir de l’âge de 11 ans. J’ai arrêté à 33 ans, parce que j’étais un peu cassé de partout à cause des contact avec les « gros. » Je recherchais une activité avec une dépense physique élevée, et j’ai découvert le squash un peu par hasard – je n’avais jamais fait de sport de raquette – même si j’avais quelques amis qui le pratiquaient. J’ai commencé dans l’ancien club de Tourcoing, dans un premier temps en loisir et sans connaître toutes les règles (j’ai disputé ma première compétition bien plus tard, à 40 ans), mais ça m’a plu tout de suite. Comme je suis enseignant de profession, j’ai rapidement tenu ce rôle dans le squash. J’entraînais déjà quelques enfants à Tourcoing, néanmoins c’est quand je suis parti à Bondues que ça a véritablement pris forme. L’école de jeunes s’est bien développée, et je m’en occupe depuis plus de vingt ans. »
Un sport complet
« Il n’y a pas forcément une personne ou un entraîneur en particulier qui m’a influencé. Disons que je regarde de nombreux matches, et que je lis beaucoup. J’ai également effectué quelques stages à Aix-en-Provence dans le passé pour enrichir mon bagage. Je me souviens que lors de l’un d’entre eux, j’avais appris pas mal de choses sur le plan technique, en espérant les mettre en pratique lors de mon prochain match en compétition. Résultat, j’avais perdu 9-0, 9-0, 9-1. La technique, c’est une chose, mais il faut également utiliser sa tête pour qu’elle soit utile … D’autre part, je crois beaucoup à l’importance de la condition physique (je viens du rugby, et quand on a l’esprit collectif et qu’on veut être au service de l’équipe, il faut être au point dans ce domaine). »
Depuis plus de vingt ans, Patrick Delsinne s’investit sans relâche pour le développement du squash auprès des jeunes au sein de la ligue (Crédit photo : Patrick Delsinne)
Village en sport
« Ça doit faire cinq ou six ans que la ligue et moi-même sommes présents sur cette opération qui se déroule pendant toutes les vacances scolaires, en particulier celles d’été. L’objectif est de faire découvrir l’activité dans les villages du département. Concernant le squash, la principale contrainte logistique est le transport et l’installation du court gonflable, qui est relativement lourd. On accueille des centres aérés, avec une session le matin et une l’après-midi, et les jeunes sont généralement divisés en groupes de huit. On leur fait faire de petits exercices de déplacement et de motricité, puis ils se familiarisent à la raquette et à la balle. La grande majorité est très à l’écoute des conseils, et enthousiaste. Dire qu’on leur apporte du bonheur, c’est peut-être un peu fort, mais ils sont contents de découvrir un nouveau sport. Pour ceux qui montrent des dispositions, on les encourage à se rendre dans le club le plus proche de chez eux – en espérant qu’il y en ait un, car on sait que le problème majeur de notre discipline est le manque de structures. Dans cette optique, les flyers réalisés par nos services civiques, Lukas et Romain, étaient très utiles. Cette année, nous avons initié plus de 300 enfants, 326 pour être précis, c’est donc une opération qui contribue véritablement à la promotion du squash. »
L’éloge de la patience
« Le constat que je fais à Bondues, c’est qu’on a perdu quelques adultes à cause de la crise sanitaire, mais pas de jeunes. Ces derniers aiment le côté ludique du squash, et j’essaie de mettre l’accent là dessus dans mes séances, même si on travaille aussi la technique. Pour en attirer davantage, il n’y a pas de secret : la clé est de donner du temps, et d’être sur le terrain ! En ce qui me concerne, je suis retraité depuis peu et j’ai l’intention de m’investir encore davantage, notamment en démarchant les établissements scolaires. Je considère que c’est normal de se mettre à disposition d’un sport qui m’apporte tellement de plaisir. »
*« Village en sport » est une opération qui existe depuis vingt ans et se déroule dans les communes de moins de 5 000 habitants pendant les vacances scolaires. Ayant constaté que l’éloignement des grands sites de pratique urbains était parfois source de difficulté, le département du Nord met en œuvre, en collaboration avec les ligues partenaires, un dispositif d’animations qui permet aux enfants de pratiquer une activité physique et sportive dans une démarche de sport-santé. Quelques chiffres : tous les ans, 150 centres de loisirs bénéficient de cette initiative, avec 23 disciplines proposées. Une soixantaine d’éducateurs sportifs sont mobilisés, et 12 000 jeunes présents lors des différentes initiations.
Cette année, le département a été plus loin avec l’événement « Le Nord fait ses jeux, » organisé au CREPS de Wattignies. Près de 250 enfants âgés de 9 à 11 ans, inscrits dans une douzaine de centres de loisirs, ont pu s’immerger dans l’univers des JO en participant à une compétition grandeur nature. « On veut amener la culture sportive dans le département, avec tout ce que ça peut engendrer en termes de transmission de valeurs mais aussi de santé, » déclare François-Xavier Cadart, conseiller délégué au sport (Source : France 3 Hauts-de-France).
Article de Jérôme Elhaïk
Crédits photo Patrick Delsinne