C’est l’un des évènements de cette rentrée « post-déconfinement » dans le squash hexagonal : situé dans la ville éponyme, le LIL a ouvert ses portes le 9 juin. Se voulant résolument urbain et moderne, ce club pourrait bien devenir rapidement une place forte de la discipline. Présentation.

Dans l’air du temps

Alors que les complexes sportifs ont eu tendance à s’installer en périphérie des grandes villes ces dernières années, ce nouveau venu est situé intra-muros. « On est à 300 mètres du métro, et d’une station de V’Lille, » précise son gérant Jean-François Niciejewski, qui a fait ses preuves avec le WAM, à Wambréchies. « Nous souhaitons attirer une nouvelle clientèle, par exemple des étudiants et des jeunes travailleurs. » Le LIL est un club urbain et moderne, de part son design et son approche. « On travaille sur ce projet depuis cinq ans, » ajoute celui qui est connu sous le diminutif « JF » dans le monde du squash Français. « Je parle souvent de lieu de vie 2.0. La société a évolué, et le secteur des loisirs doit suivre le mouvement. Je suis convaincu que le sport indoor a un avenir, à condition de voir les choses autrement : c’est la raison pour laquelle les gens peuvent venir au LIL pour jouer au squash ou au badminton, mais aussi boire un verre, se restaurer et même travailler seul ou en équipe, grâce aux espaces de coworking et à la salle de séminaire. S’il y a bien une chose qu’on a constaté depuis le début de la crise sanitaire, c’est la montée en puissance du télétravail … »

Grâce à la qualité de ses infrastructures, le LIL a le potentiel pour devenir rapidement un acteur majeur dans le paysage du squash Français (Crédit photo : Le LIL)

Une structure polyvalente

Le sport est la base de l’activité du LIL, avec six terrains de badminton et sept courts de squash (présent au WAM, le padel n’a pas été intégré au projet en raison de la surface requise). « Outre les tournois internes, nous proposerons des cours individuels et collectifs, et l’école de jeunes démarrera en septembre, » affirment en cœur Jean-François Niciejewski et Théo Parent, responsable du club. Après une partie, les joueurs bénéficient d’un accès direct vers le club-house. « Il est un peu moins grand que celui du WAM, mais l’agencement n’est pas le même, » précise JF. « Je trouve que le club se remplit bien, si on peut dire. On peut regarder les matches depuis l’endroit de son choix, et avoir une perspective totalement différente : depuis le bar, d’où on a également une vue incroyable sur le périphérique, ou en marchant le long de la coursive, qui rappelle les clubs Anglais. » Quant à la restauration, elle est assurée par les Roubaisiens de Garden Food. « Ils ont monté leur restaurant, et sont implantés dans deux autres structures, le WAM et un club de fitness à Lille, » indique Théo Parent. « Ils proposent des poke bowls, à base de produits Bio, sains et équilibrés, que les clients peuvent déguster à l’intérieur ou sur la terrasse. » Comme évoqué précédemment, le LIL dispose également de 140 mètres carrés modulables pour les séminaires, les réunions de travail, et le co-working.

Si le LIL est avant tout dédié à la pratique du sport, ses dirigeants veulent aussi en faire un lieu de vie à part entière (Crédit photo : Le LIL)

Avec tout ça, le club semble taillé pour accueillir des manifestations de grande envergure, d’autant que l’un des courts de squash dispose d’une paroi latérale vitrée. La première aura lieu fin août, avec l’open des Hauts-de-France, qui aura lieu conjointement au LIL et à l’Arbonnoise. « Même si la situation actuelle est compliquée et que chacun a ses problématiques, nous avons le sentiment, en tant que structure privée, d’être soutenus par les instances, » affirme Jean-François Niciejewski. « On remercie la ligue d’apporter une belle dotation (NDLR : 6 000 euros au total, répartis de manière égale chez les hommes et chez les femmes), qui devrait permettre d’avoir de superbes tableaux, » ajoute Théo Parent. Numéro 4 français et 33ème joueur mondial, Baptiste Masotti (licencié à Valenciennes) a d’ores et déjà confirmé sa participation, et d’autres devraient suivre. « Théo va activer ses réseaux parmi les joueurs, et on peut supposer que bon nombre d’entre eux sont curieux de découvrir le club, » conclut son gérant. À moyen terme, le LIL s’annonce comme un magnifique écrin pour l’open de France junior, qui sera relancé en février 2022 après une année blanche.

Des débuts prometteurs

Alors qu’elle était prête depuis plusieurs mois, l’équipe du LIL (forte de quatre salariés, bientôt cinq) a dû attendre le 9 juin pour accueillir ses premiers clients. « On était impatients, ça a été assez long, » admet Théo Parent. « Ça a démarré doucement, mais on est très contents car ça va crescendo. On constate qu’il y a pas mal d’étudiants et de jeunes travailleurs parmi la clientèle, c’est une vraie satisfaction car ils sont notre cible prioritaire. Dans le même temps, il ne faut pas oublier que l’été n’est pas la période à laquelle les salles de sport sont les plus remplies. D’un côté, c’est frustrant d’avoir ouvert en juin, néanmoins c’est sans doute pour un mal pour un bien, car ça vous nous permettre de bien préparer la rentrée de septembre. » En attendant, le club a organisé son premier tournoi de squash intitulé « The First Lil » le vendredi 25 juin. « Théo fêtait ses 30 ans, du coup on l’a laissé gagner, » sourit Jean-François Niciejewski. « Plus sérieusement, ça s’est très bien passé, il y avait une super ambiance. Il y aura un tournoi une semaine sur deux au LIL, et l’autre semaine au WAM. Nous sommes partenaires, et c’est une formule cohérente. Toujours dans le même esprit, il y aura une association pour les deux clubs, le Squash du Chat. Ça ne nous a pas semblé opportun d’en créer une nouvelle, pour plusieurs raisons. Par exemple, Théo pourra s’appuyer sur le savoir-faire existant pour la création de l’école de squash, et pour une association, disposer de quinze courts est une vraie force. »

Une histoire d’hommes

Jean-François Niciejewski, 48 ans, gérant du LIL et du WAM.

« J’ai découvert le squash lorsque j’étais étudiant, j’habitais à côte du club de l’Arbonnoise. Avec mes potes, on a commencé par le badminton, puis on s’est rapidement mis au squash. Pour ma part, j’ai toute de suite apprécié l’intensité, et la confrontation, on se tirait bien la bourre. J’aime aussi l’humilité que l’on ne retrouve pas forcément dans d’autres sports – j’ai également pratiqué le tennis et le foot. J’avais d’ailleurs entraîné des équipes de jeunes au LOSC. » C’est donc naturellement qu’il va se diriger vers l’enseignement du squash, avec une certaine réussite. Au sein de l’école de jeunes de l’Arbonnoise, il va former beaucoup de jeunes d’excellent niveau dont Faustine Gilles, championne de France junior en 2008. « C’est vrai que ça se passait bien. Pendant cette période, j’ai eu des échanges très enrichissants avec des entraîneurs comme André Delhoste, Fred Lecomte ou encore Benoit Letourneau. Ils m’ont encouragé à passer mon BE2 (NDLR : Brevet d’État 2ème degré), ce que j’ai fait, et j’ai fait partie de l’encadrement des équipes de France jeunes. Les journées étaient bien remplies, mais je garde un très bon souvenir de cette période et je me suis vraiment éclaté. »

En 2006, il décide de voler de ses propres ailes (« J’y pensais depuis longtemps, c’était le bon moment. ») et d’ouvrir son club avec deux associés, Éric Lubrez et Charles Dubois. Un peu moins de quinze ans plus tard, c’est le même trio qui s’est lancé dans l’aventure du LIL. « C’est grâce à eux que nous avions pu saisir l’opportunité à Wambréchies, et j’étais donc heureux de leur renvoyer l’ascenseur en les intégrant à ce nouveau projet. Nous sommes associés dans une SCI, ils m’aident dans l’exploitation et sont présents au quotidien lorsque c’est nécessaire. » Après avoir mis trois ans à trouver son rythme de croisière, le WAM a acquis une belle réputation, et son succès est incontestable. « C’est gratifiant d’être reconnu partout en France et même à l’étranger, grâce à l’open de France junior. Mais le plus important à mes yeux est d’être parvenu à créer un véritable esprit club, les gens ne viennent pas que pour jouer. Il y a des gens qui faisaient partie de l’école de jeunes, qui sont aujourd’hui pères de famille et qui sont encore là, c’est une fierté. »

Théo Parent, 30 ans, responsable du LIL

Théo Parent a débuté le squash si tôt qu’il ne se rappelle plus précisément à quel âge. Et pour cause : son père Jean-René était entraîneur au club de l’Arbonnoise, tout comme un certain Jean-François Niciejewski. « J’y ai joué pendant toute ma jeunesse, » raconte-t-il. « Comme JF, j’aime bien le côté confrontation de ce sport, et le fait que les deux joueurs partagent le même espace. Il y aussi la stratégie, avec cet espace en 3 dimensions. » Par la suite, Théo va devenir un excellent joueur, atteignant la 36ème place du classement national au milieu des années 2010. Parmi ses faits d’armes, on peut citer une quatrième place au championnat de France 2ème série, plusieurs titres de champion des Hauts-de-France et une participation au championnat du monde universitaire, sans oublier l’épopée de l’équipe de Bourges, avec laquelle il a évolué quelques saisons en Nationale 1.

Lorsqu’on lui demande s’il avait toujours imaginé que le sport en général, et le squash en particulier, feraient partie de sa vie professionnelle, Théo Parent répond que « les choses se sont faites assez naturellement. Après la fac, j’ai eu l’opportunité de travailler dans un club en Belgique, puis dans un autre à Lille, même s’il n’y avait pas de squash (NDLR : Le Shaft, au sein du BTWIN Village). Lorsque JF m’a proposé le poste de responsable du LIL, c’était l’opportunité de revenir vers mon sport de toujours et je n’ai pas hésité longtemps. Mon rôle ? Que tout se passe bien (rires) … Ça englobe de multiples tâches, de l’ouverture jusqu’à la fermeture. » Une sorte « d’homme à tout faire, » dixit Jean-François Niciejewski …

LE MOT DE LA LIGUE

Président de la ligue de squash des Hauts-de-France depuis un peu plus de deux ans, Aurélien Carlier voit d’un très bon œil l’arrivée d’un nouvel acteur majeur dans la région.

« Le manque de structures est l’un des principaux points faibles de notre sport. Dans ce contexte, on ne peut que se réjouir de l’ouverture du LIL, d’autant plus qu’il possède sept courts dont un semi-vitré. Ce club projette également une image de modernité. Il est situé en centre-ville, alors que les grosses structures qui ont vu le jour dernièrement se trouvent plutôt en périphérie. Ainsi, notre discipline sera accessible pour un public diversifié : notamment les jeunes, et on sait que le squash a besoin d’inverser sa pyramide des âges. C’est incontestablement un bel outil, par exemple pour l’accueil d’évènements (par exemple l’open de France junior), avec la gare et l’aéroport à proximité. On espére que le LIL va vite prendre ses marques et grandir, et pour ça on peut faire confiance à ses responsables : Jean-François Niciejewski a plus que fait ses preuves à la tête du WAM, et Théo Parent a également l’expérience de la gestion d’un club. C’est un enfant du squash, et de la région.

Les instances doivent être plus impliquées dans le vie des clubs, et le travail doit être commun entre nous. Le rôle de la Fédération et des ligues est d’assurer la promotion du squash, mais on ne peut pas y parvenir sans les structures privées, dont le rôle est essentiel. D’un autre côté, nous pouvons les aider à générer de l’activité et devons les accompagner dans certains projets, par exemple les scolaires, l’UNSS etc. Dans ce contexte, le fait d’organiser l’open des Hauts-de-France au LIL, ainsi qu’à l’Arbonnoise, est une main tendue dans leur direction. »